L’intelligence artificielle au croisement des arts, du savoir et de l’industrie

Chronique IA
Quelques suggestions de lecture pour vous préparer au forum "L'IA dans le milieu des arts médiatiques, de l'industrie et du savoir".

Le Conseil québécois des arts médiatiques organise avec Element AI et Hexagram le forum L’intelligence artificielle dans le milieu des arts médiatiques, de l’industrie et du savoir : Réalisations, avancements et limites, qui se tiendra à Montréal le 7 février 2020. L’objectif de l’événement est de stimuler des réflexions fécondes entre le milieu des arts médiatiques, de la recherche et des industries créatives en IA à travers la rencontre et la discussion.

Avant la tenue de cet événement, je souhaite formuler quelques suggestions de lecture, introduire les questions qui nous intéresseront, présenter les artistes qui ont accepté de partager leur expérience et faire un pas de côté afin de préciser l’unique question que nous souhaiterons consciemment éviter dans le cadre de cet événement.

Créativité et IA

Ce dernier thème, que nous contournerons afin de laisser toute la place aux questions techniques, historiques et légales, est celui de la créativité de la machine : l’IA remplacera-t-elle l’artiste? Des débats philosophiques intéressants peuvent toutefois émerger de ce questionnement. Nous pourrons d’ailleurs bientôt poursuivre nos réflexions sur ce thème avec le lancement du numéro 124 de la revue Espace, justement intitulé “IA, art sans artistes?”. Je recommanderais également à ce sujet la lecture de la partie 6 de l’étude Collective Wisdom du MIT, intitulée “Media Co-Creation with Non-Human Systems” et les articles “L’art à l’ère de l’intelligence artificielle” de Shauna-Jean Doherty, “The Past, Present, and Future of AI Art” par Fabian Offert et “Can Computers Create Art?” d’Aaron Hertzmann. Il semble important de souligner néanmoins que trop souvent, la question de la créativité de l’IA vient plutôt servir une stratégie marketing et se transforme en piège à clic ou en point d’accroche pour la commercialisation d’une nouvelle technologie. La lecture de l’article de Doherty cité plus haut, ainsi que de “The AI-Art Gold Rush Is Here” par Ian Bogost peuvent mettre en lumière cette autre perspective.

Les 4 grands thèmes du forum et les artistes qui représenteront notre milieu

L’idée derrière ce forum est donc d’inviter les communautés artistiques, universitaires et industrielles à se rencontrer pour cartographier l’écosystème montréalais de l’IA, discuter des possibilités et limites réelles et du cadre légal actuel englobant les processus et applications de la technologie, puis identifier des occasions de maillage mutuellement bénéfique pour les actrices et acteurs du milieu.

Ainsi, pour chacun des quatre panels qui rythmeront le forum, nous avons réuni des représentant.e.s des milieux des arts, de la recherche et de l’industrie afin de croiser les perspectives lors des discussions. Le premier panel abordera la notion d’IA comme outil et permettra de comprendre les possibilités techniques réelles de ces technologies et d’en observer des applications concrètes dans les trois secteurs d’activité. L’artiste et compositrice Erin Gee, dont la pratique se situe au croisement d’un féminisme matérialiste et d’une exploration des technologies numériques, participera à ce panel. Erin Gee travaille avec la voix humaine et les corps électroniques pour explorer la matérialité et le caractère incarné de l’émotion.

La seconde discussion viendra compléter la première en exposant les limites – techniques, éthiques, théoriques – de l’IA aujourd’hui. François Quévillon, artiste dont la pratique vise à révéler les interactions entre technologies, sociétés et environnement, apportera une perspective critique à la conversation. La participation de Sofian Audry à ce panel, qui représentera Perte de signal et Hexagram dans le cadre du forum, sera également informée par sa pratique artistique faisant se rencontrer informatique, biologie et sciences cognitives dans un cadre valorisant l’éthique du libre, la collaboration et le décloisonnement des savoirs.

Le troisième panel portera sur la question de la propriété intellectuelle dans le cadre des processus de création utilisant l’IA. La pratique d’Adam Basanta repose sur une exploration performative des technologies commerciales grand public. Son installation All We’d Ever Need Is One Another (2018) fut projetée au coeur de débats sur la propriété intellectuelle (et d’une poursuite judiciaire), expérience qui lui permettra de revenir sur le rôle parfois révélateur de l’artiste oeuvrant à l’avant garde de nouveaux paradigmes technologiques.

Finalement, avec le quatrième et dernier panel, nous étudierons les axes de recherche et développement en IA au sein des groupes et entreprises prenant part au forum. Marine Theunissen est une artiste et chercheuse qui développe des dispositifs d’écriture scénique intégrant des technologies interactives et immersives. Son double point de vue, de théoricienne et d’artiste appliquant les technologies de l’IA à sa pratique, informera positivement les échanges lors de ce panel.

Notre objectif avec les quatres thématiques retenues dans le cadre du forum est de donner aux milieux des arts médiatiques, de l’industrie et du savoir une meilleure visibilité sur les applications passées, actuelles et futures des technologies en IA, de même qu’une compréhension plus fine des enjeux principaux pour chaque secteur d’activité.

On se retrouve donc au forum le 7 février prochain! Et pour celles et ceux qui ne peuvent se joindre à nous (les places ont toutes été prises très rapidement!), l’événement sera enregistré et diffusé publiquement dans les semaines qui suivront.

À bientôt,

Isabelle L’Heureux